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Aimé Goujaud dit Bonpland (1773-1858)
« Par une heureuse connexité de causes et effets, souvent même sans que l’homme en ait la prévision, le Vrai, le Beau, le Bon se trouvent liés à l’Utile » (Cosmos).

Aimé Goujaud dit Bonpland est né à La Rochelle en 1773. Il a étudié la médecine et la botanique au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, ancien Jardin du Roi. 

Le destin de Bonpland est lié à l’Amérique espagnole dès 1799, au moment de son départ pour le Venezuela avec Alexandre de Humboldt. Tous deux, parcourent le Venezuela, Cuba, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Mexique et les États-Unis d’Amérique avant de retourner en Europe en 1804. 

 

Dès son retour en France, Bonpland travaille en étroite liaison avec le Muséum national d’Histoire naturelle et d’autres musées des sciences et jardins botaniques en Europe. Il bénéficie d’une pension à vie par décret impérial du 13 mars 1804 signé par Napoléon (Hamy, 1984) et d’un poste de surintendant qui lui est accordé par l’Impératrice Joséphine (Foucault, 1990).

 

Il reste 5 ans au service de Joséphine en tant que Surintendant des jardins de la Malmaison et du domaine de Navarre, et c’est là qu’il expérimente et crée l’un des plus beaux jardins d’acclimatation (privés) d’Europe. Tout au long de cette période, Aimé Bonpland accueille chaleureusement les patriotes sud-américains qui séjournent en Europe en quête de soutien pour leur cause indépendantiste (Hossard, 2001). Parmi eux, Francisco Antonio Zea, Manuel Palacio Moreno (1784-1819), avocat vénézuélien œuvrant pour Bolivar en Europe, et les Argentins Bernardino Rivadavia (1780-1845) et Manuel de Sarratea (1774-1849), entre autres.

 

Sa relation avec Humboldt est moins étroite à ce moment-là. Ils publient, néanmoins, la relation de leur expédition, une œuvre sans égale qui est le résultat de leurs expériences de voyageurs et de leurs recherches scientifiques, intitulée « Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent », et qui comporte 30 volumes in-folio et in-quatro publiés de 1807-1834*. Dans la préface de la Géographie des plantes (Paris, Schoell 1807), Humboldt rend hommage à Bonpland :

« Quoique les Plantes équinoxiales, comme tous les travaux de notre expédition, portent le nom de Bonpland et le mien, il s’en faut de beaucoup que les deux signataires aient eu part égale à cet ouvrage. M. Bonpland ne l’a pas seulement rédigé lui seul d’après nos manuscrits, mais c’est à lui qu’est due la plus grande partie de ce travail. » 

 

Mais, après la disparition de l’impératrice le 29 mai 1814 et la chute de l’Empire en 1815, Bonpland quitte l’Europe définitivement. À Londres, il est en communication avec les futurs Libertadores de l’Amérique espagnole, Simon Bolivar, Francisco Antonio Zea et Rivadavia.

 

Zea, ancien directeur du Real Jardin Botanico de Madrid, lui propose de le rejoindre dans la Nouvelle-Grenade pour poursuivre la mission du savant José Celestino Mutis. Mais Bonpland accepte plutôt l’invitation provenant du Rio de la Plata et part en Argentine avec l’objectif de fonder un jardin botanique et un lieu d’enseignement, à l’image du Muséum de Paris. Il quitte Londres en 1816, où il s’était expatrié chez ses amis latino-américains. Une fois sur place, les affaires ne se déroulent pas comme il l’avait prévu, même si en 1817 et 1818 il gravit des échelons : en Europe il est nommé membre correspondant de l’Académie des Sciences de Paris ; sur place, à Buenos Aires, il devient professeur d’Histoire naturelle et il obtient la chaire de Médecine à l’Institut médical militaire.

 

Mais ce poste ne lui permet pas de vivre comme il l’espérait. C’est pour cette raison qu’il quitte Buenos Aires pour se rendre au Paraguay, dans les missions jésuites. Mais le Paraguay se trouve sous la dictature du général Gaspar Rodriguez de Francia qui le retient contre son gré pendant une dizaine d’années, de 1821 à 1831. Par la suite, Bonpland développera la culture du maté (« herbe du Paraguay ») et il se consacrera à l’élevage des mérinos. Il n’envisage plus de rentrer en Europe, mais il garde des bonnes relations avec le Muséum où il envoie des collections régulièrement.

 

En 1849, il obtient la Légion d’honneur. Enfin, il écrit à Humboldt « Je passe une vie tranquille et je vais mourir là où sépulter (sic) mes tristes restes à l’ombre des arbres nombreux que j’ai plantés. » Il meurt en Argentine en 1858, à l’âge de 85 ans. Son legs, tant en Argentine qu’en France, est important en ce qui concerne l’étude des plantes, comme le maté, sans parler de son herbier qui est conservé en double à l’Institut de Botanique et Pharmacologie de Buenos Aires et au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris.

 

*Drouin, Jean-Marc et Thierry Lalande, La Boussole et l’orchidée. La revue, Musée des arts et métiers, Numéro 39/40, septembre-décembre 2003 p. 58